XVII - LE LENDEMAIN


La journée du lendemain se passa assez tristement. Marguerite se reprochait d'avoir causé la punition de Sophie. Celle-ci passa la journée dans le cabinet de pénitence. Personne ne vint la voir, sauf Elisa qui lui apporta son déjeuner.

SOPHIE. - Comment vont mes amies, Elisa ?

ELISA. - Elles vont bien, mais elles ne sont pas gaies.

SOPHIE. - ont-elles parlé de moi ? M'aiment-elles encore ?

ELISA. - Bien sûr, qu'elles parlent de vous ! Elles ne font que ça ! - Pauvre Sophie, disent-elles, comme elle doit être malheureuse !

SOPHIE, attendrie. - Elles sont bien bonnes ! Et Marguerite, est-elle en colère contre moi ?

ELISA. - Elle se désole d'avoir été méchante ; elle dit que c'est sa faute si vous vous êtes emportée ; qu'elle devrait être punie à votre place, et que lorsque vous sortirez de prison, c'est elle qui vous demandera pardon.

SOPHIE. - Pauvre petite Marguerite ! C'est moi qui ai tous les torts. Savent-elles tout ce que j'ai fait ?

ELISA. - Oui, je leur ai tout raconté. Mais elles savent aussi que vous vous êtes repentie.
Sophie remercia Elisa et se remit à l'ouvrage.
Mme de Fleurville lui apporta ses devoirs, mais aussi des livres amusants et son ouvrage de tapisserie. La voyant si sage, elle lui dit qu'avant de se coucher elle pourrait venir embrasser ses amies au salon. Sophie lui promit de mériter cette récompense. Mme de Fleurville l'embrassa encore et la quitta.
Sophie travailla tant et si bien qu'elle ne s'ennuya pas. Elle fut étonnée quand Elisa vint lui apporter son second déjeuner.
- Déjà ? dit-elle.

ELISA. - L'heure est même passée ; vous n'avez pas faim ?

SOPHIE. - Si ! Qu'y a-t-il pour déjeuner ?

ELISA. - Une tartine de beurre, une côtelette, une cuisse de poulet, des pommes de terre sautées, mais pas de dessert.

SOPHIE. - Merci, ma chère Elisa. J'espère que dans peu de temps je deviendrai aussi sage que mes amies.

ELISA. - Soyez tranquille, vous commencez déjà à être bonne. Quand votre belle-mère reviendra, elle ne vous reconnaîtra pas.
Penser au retour de sa belle-mère ne fit pas plaisir à Sophie. Elle acheva son déjeuner. Elisa lui dit qu'elle allait remporter le plateau et qu@elle reviendrait ensuite la chercher pour la promenade. - Après la promenade, vous reviendrez travailler ; puis vous dînerez ; et ensuite je vous promènerai encore pendant une bonne heure.
La journée se passa sans trop d'ennui pour Sophie. Camille, Madeleine et Marguerite attendaient chaque fois Elisa au sortir du cabinet de pénitence pour la questionner sur ce que faisait Sophie.

CAMILLE. - Est-elle triste ?

MADELEINE. - S'ennuye-t-elle beaucoup ?

MARGUERITE. - Est-elle fâchée contre moi ? Parle-t-elle un peu ?
Elisa les rassurait et disait que Sophie prenait sa punition avec douceur et résignation.
Le soir, Mme de Fleurvîlle vint elle-même chercher Sophie pour la mener au salon, où l'attendaient avec anxiété Camille, Madeleine et Marguerite.
- Voilà Sophie que je vous ramène, mes chères enfants ; non pas la Sophie d'avant-hier, colérique, gourmande, menteuse et méchante, mais une Sophie douce, sage, raisonnable.
Sophie se jeta dans les bras de ses amies. Elle et Marguerite se demandèrent réciproquement pardon.
Après la prière, les enfants s'embrassèrent tendrement et allèrent se coucher.


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