Sainte Geneviève.
Avec saint Denis, sainte Geneviève est l'une des deux figures religieuses marquantes de la capitale. De multiples légendes se mêlent à l'histoire pour raconter sa vie.
En l'an 422 de notre ère,
naquit à Nanterre, bourg proche de Paris, une fille nommée
Genovefa en latin, c'est-à-dire Geneviève en langue celte, ce
qui signifie : « fille du ciel ».
Son père s'appelait Séverus, sa mère d'origine grecque,
Gerontia.
La famille possédait à Nanterre, deux terrains, et une maison,
dont on peut voir l'emplacement aujourd'hui encore, à proximité
de l'église paroissiale, avec son puits dans la cour, surmonté
de trois margelles successives, construites l'une après l'autre
en raison de l'élévation constante du niveau du sol, sur lequel
s'amoncelaient des terres que les pluies violentes arrachaient du
mont Valérien.
C'est d'ailleurs sur les flancs du mont Valérien que Geneviève,
petite bergère gardait le troupeau de moutons de ses parents.
À l'âge de sept ans, Geneviève déjà pieuse et sage,
rencontre Germain, évêque d'Auxerre, et Loup, évêque d'Autun,
de passage à Nanterre en route pour quelque pèlerinage.
Germain fut frappé par l'allure de la fillette, lui parla
longuement et obtint d'elle qu'elle se consacre à Dieu jusqu'à
la fin de ses jours.
Deux années plus tard, eut lieu un premier miracle. Gerontia
n'aimait pas sa fille et la gifla un jour. Elle devint aveugle,
et Geneviève la guérit en lui passant sur les yeux l'eau du
puits de sa maison natale.
La chose eut un tel retentissement que Geneviève fut présentée
à Marcel, évêque de Paris.
Ce dernier était réputé pour avoir débarrassé la ville d'un
dragon, en le frappant à trois reprises sur la tête avec sa
crosse pastorale, lui ordonnant de s'en aller sans tarder dans un
désert ou bien au fond de la mer. Et le dragon avait obéi.
Saint Marcel était connu aussi pour avoir transformé de l'eau
de la Seine en vin de messe, un jour que le vin manquait à
Notre-Dame.
Saint Marcel reçut donc les voeux religieux de la petite fille,
qui vécut désormais dans la pénitence, ne mangeant plus que
deux fois par semaine du pain d'orge et des haricots.
À l'âge de seize ans, Geneviève perdit ses parents et fut
recueillie à Paris par sa marraine. Elle fonda un couvent de
jeunes filles. Sa réputation ne faisait que croître auprès des
Parisiens et des habitants de toute la région.
C'est ainsi, par exemple, qu'en l'an 448, par une chaude journée
d'été, elle sortit de la ville pour aller au devant de saint
Loup qui venait en visite. Elle s'arrêta à l'emplacement d'une
grotte pour s'y reposer. Elle avait soif et le dit. Aussitôt une
source jaillit à ses pieds. C'était à un endroit appelé
aujourd'hui Épinay-sur-Orge, où sévissait alors une épidémie
de fièvres et de convulsions provoquant la mort de nombreux
enfants...
Geneviève pria, fit venir des malades dans les bras de leurs
mères, et les guérit à l'aide de l'eau de cette source...
L'épidémie cessa bientôt. Il n'y a pas longtemps, des gens
venaient encore boire l'eau miraculeuse.
De même, un jour que Paris souffrait de famine, Geneviève monta
sur une barque et vogua sur la Seine jusqu'à un endroit où se
dressait un arbre mort. Elle commanda, et l'arbre s'effondra dans
le fleuve avec des craquements sinistres, tandis que d'horribles
démons s'enfuyaient de ses branches. Les champs et les jardins
se mirent à fleurir, des bateaux arrivèrent dans la cité ; la
famine cessa.
Des cierges s'allumaient seuls dans sa main, un signe de croix
lui suffit une fois pour guérir une voleuse atteinte de
cécité, elle ressuscita un enfant de quatre ans, noyé et qui
avait passé des heures entières au fond de l'eau.
Elle avait acheté des terres près de Meaux, et ses moissonneurs
racontaient que les pluies d'orage s'arrêtaient à leurs
limites.
Mais l'épisode le plus connu de
la vie de Geneviève se situe en 451 de notre ère, lorsque les
terribles Huns franchirent le Rhin, Attila à leur tête.
La crainte des envahisseurs était telle que tous fuyaient devant
eux. Bientôt, devant l'avance ennemie, les Parisiens eux-mêmes
s'apprêtèrent à quitter leur cité en masse.
Seule, dans l'affolement général, Geneviève exhorta les
Parisiens à rester en place, leur dit qu'ils n'avaient rien à
craindre des hordes d'Attila :
- À la menace du glaive, prenez comme armes le jeûne et la
prière...
Elle-même promit de prier pour le salut de la ville. D'abord, on
ne voulut pas l'écouter, pire, les Parisiens décidèrent de la
noyer ou bien de la lapider à coups de pierres...
L'arrivée d'un prêtre d'Auxerre la sauva. Finalement, les
Parisiens changèrent d'avis, obéirent à ses adjurations.
Et, en vérité les barbares s'écartèrent de la vallée de la
Seine.
On prétend aujourd'hui que si Attila évita Paris, c'est qu'il
avait d'autres soucis que de prendre au passage une cité sans
grand intérêt stratégique. Il se dirigeait vers l'Italie et
voulait échapper avant tout aux troupes qui faisaient alliance
contre lui à ce moment là, celles du général romain Aetius,
celles des Francs de Mérovée, celles des Wisogoths d'Altaric,
sans parler des Saxons et des Burgondes... D'ailleurs les armées
alliées allaient écraser les Huns, à Châlons-sur-Marne, au
cours d'une fameuse empoignade, appelée « la bataille des
Champs Catalauniques ».
Quoiqu'il en soit, dans Paris sauvé, chacun considéra
désormais Geneviève comme la sainte protectrice et la vénéra
comme telle.
À la menace des Huns, succéda
bientôt la menace des Francs, dont les raids se firent nombreux
en région parisienne.
Ainsi le roi Childéric, descendu des Flandres jusqu'à la Seine,
captura un jour dans la ville de nombreux prisonniers.
Connaissant le renom de Geneviève et se méfiant de son
influence, il résolut de mettre les prisonniers à mort en rase
campagne ; pour que la sainte n'intervienne pas, il fit fermer à
clef les portes de la cité...
Apprenant son départ, Geneviève se précipita. Nouveau miracle
: à son approche les portes s'ouvrirent seules, et Childéric ne
put faire autrement que de gracier les prisonniers.
Plus tard, Paris fut à nouveau assiégé. Cette fois par Clovis,
le fils de Childéric. Geneviève participa à sa défense,
organisant en particulier son ravitaillement à l'aide de bateaux
sur la Seine, qui allèrent chercher des céréales jusqu'en Brie
et en Champagne.
Paris fut vaincu, Clovis triompha, devenant peu à peu le maître
de la Gaule presque entière. Et Geneviève se lia d'amitié avec
son épouse Clothilde, jouant alors un grand rôle dans la
conversion de Clovis au christianisme.
Clovis, roi des Francs, l'admirait et l'aimait. Lorsque
Geneviève mourut en l'an 512, âgée de quatre-vingt-dix ans,
Clothilde la fit enterrer dans la basilique des Saints Apôtres,
au sommet d'une colline qu'on appella désormais, et jusqu'à nos
jours, la montagne Sainte-Geneviève.