L'homme blanc.

Voici ce qui est arrivé à un vieux soldat qui a perdu une jambe à la guerre, et qui va demander son pain de porte en porte.
Ce vieux soldat suivait un jour le chemin de Nérac à Agen avec un seul morceau de pain dans sa besace. Arrivé près de Moncaut, il s'assit au bord d'un fossé, et il commençait à manger, quand il vit venir à lui un homme vêtu de blanc de la tête aux pieds : chapeau blanc, habits et souliers blancs, et un grand bâton blanc à la main droite.
- Que fais-tu là, mon ami ?
- Vous le voyez, Monsieur ; je mange un morceau de pain. Nous le partagerons si vous voulez.
- Avec plaisir, mon ami.
L'homme blanc s'assit sur le bord du fossé à côté du vieux soldat, qui lui donna la moitié de son morceau de pain. Quand ils eurent mangé, l'homme blanc se leva et dit :
- Merci, mon ami. Tu peux suivre ton chemin. Rien ne te manquera aujourd'hui, et avant que tu rentres ce soir dans ta maisonnette, tu auras ramassé du pain pour vivre pendant un mois.
Le vieux soldat se remit en chemin. De toutes les métairies on l'appelait pour lui donner, et quand il rentra le soir dans sa maisonnette, il avait ramassé du pain pour vivre pendant un mois.
Ce même jour, l'homme blanc rencontra sur le chemin un voiturier qui portait trois religieuses.
- Mes soeurs, je suis las. Donnez-moi une petite place dans votre voiture.
- Passe ton chemin, homme blanc ; il n'y a pas de place ici pour toi.
Alors le voiturier eut pitié de l'homme blanc, et lui donna une place à son côté.
- Merci, mon ami. Ta charité te sera payée.
Ils cheminèrent ainsi jusqu'à un quart d'heure de Nérac. Alors l'homme blanc descendit et dit au voiturier :
- Je t'ai dit que ta charité te serait payée. Aussi vrai que ces trois religieuses que tu vois si pleines de vie seront mortes avant d'arriver à Nérac, tu trouveras ta femme qui est malade depuis sept ans, tout à fait guérie et occupée à te faire la soupe.
L'homme blanc s'en alla. Quand le voiturier arriva à Nérac, il trouva les trois religieuses mortes mais sa femme était sur la porte et criait :
- Allons, mon homme, dépêche-toi : la soupe se refroidit.

JF Bladé, Contes populaires de l'agenais, 1874


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Le méchant homme.

On ne sait pas de qui on aura besoin, ni à quelle fontaine on boira.
Il y avait une fois, dans la ville d'Agen, un homme pauvre comme un furet, fainéant comme un chien, et insolent comme le valet du bourreau. Au contraire, le frère de cet homme avait acheté près de Nérac pour plus de trente mille francs de terre. Il travaillait comme un galérien, et jamais on ne lui avait entendu dire contre personne une mauvaise parole. La canaille mériterait de mourir et les braves gens de vivre. C'est pourtant le contraire qui arrive. Le brave frère mourut sans s'être marié, et le curé de sa paroisse envoya dire au méchant homme d'Agen de venir à l'enterrement.
Le méchant homme partit, et marcha trois heures sans s'arrêter, jusqu'au sommet d'une côte, où il y avait une fontaine au bord du chemin. Là il but à sa soif, et ensuite il pissa et chia dans la fontaine.
- Mauvais sujet ! lui dit un homme qui travaillait tout près de là dans son champ. N'as-tu pas honte de souiller ainsi cette fontaine dont l'eau sert à tout le monde ?
- Tais-toi, imbécile ; mon frère vient de mourir, et j'hérite de plus de trente mille francs de terre. Maintenant, j'ai de quoi, pendant toute ma vie, boire du vin et manger du pain blanc, avec un chapon rôti à dîner, et deux pans de saucisse à souper. Je ne boirai plus à cette fontaine.
Le méchant homme reprit son chemin, et arriva au village où l'on allait enterrer son frère.
- Notaire, c'est moi qui suis l'héritier.
- Non, ce n'est pas toi. Voilà le testament du mort, qui laisse tout son bien aux pauvres de la paroisse.
- Mon frère était une canaille.
- C'est toi qui es une canaille, dirent les gens qui étaient venus pour l'enterrement. Tu es arrivé ici faire du scandale et insulter un mort. File aussitôt pour ton pays, ou nous sifflons les chiens pour te faire un brin de conduite.
Le méchant homme repartit au grand galop sans manger ni boire. Quand il arriva près de la fontaine, il était rendu, et tirait un pan de langue.
- Mon ami, dit-il à l'homme qui travaillait dans son champ, cette fontaine est souillée. Enseigne-m'en une autre. je crève de soif.
- Mauvais sujet, c'est toi qui as souillé la fontaine, et je ne t'en enseignerai aucune autre. Bois, si tu veux de celle-ci.
Le méchant homme fut forcé de boire de l'eau qu'il avait souillée.
On ne sait pas de quoi on aura besoin, ni à quelle fontaine on boira.

JF Bladé, Contes populaires de l'agenais, 1874


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Le forgeron de Fumel.

Il y avait, autrefois, à Nérac, un roi qui s'appelait Henri IV. Ce roi était riche comme la mer, aumônier comme un prêtre, hardi comme un lion, juste comme l'or.
Pourtant, Henri IV n'était pas heureux. Nuit et jour, il se disait :
- Les galériens ne souffrent pas autant que moi. Je n'ai qu'une fille, plus belle que le jour, et plus sage qu'une sainte. Mais elle est si triste, si triste, que nul galant ne peut se vanter de l'avoir fait rire une seule fois. Aussi l'a-t-on surnommée la princesse Triste-Mine. J'ai sept cents chevaux superbes, tous noirs comme l'âtre. Pourtant, je n'aime que mon grand cheval blanc. Mais il est si méchant, si méchant, que le plus habile forgeron de la terre est hors d'état de le ferrer des quatre pieds. Aussi l'a-t-on surnommé Brise-Fer. Non, les galériens ne souffrent pas autant que moi.
Enfin, Henri IV n'y put plus tenir, et manda dans son château le tambour de ville.
- Tambour, voici mille pistoles. Va-t'en courir le monde, et crier partout : « L'homme capable de faire rire une seule fois la princesse Triste-Mine, et de ferrer des quatre pieds le grand cheval blanc Brise-Fer, sera le gendre et l'héritier de Henri IV. »
- Roi, vous serez obéi.
Ce qui fut dit fut fait. Force galants se présentèrent, pour tenter les deux épreuves. Tous s'en retournèrent comme ils étaient venus.
En ce temps-là, vivait à Fumel, avec sa vieille mère, un jeune et hardi forgeron.
- Mère, dit-il un soir à souper, demain, je pars pour Nérac. C'est moi qui ferai rire, au moins une fois, la princesse Triste-Mine, et qui ferrerai des quatre pieds le grand cheval blanc, Brise-Fer. Ainsi, je serai le gendre et l'héritier de Henri IV.
- Pars, mon fils, et que le Bon Dieu te conduise.
La brave femme alla se coucher. Alors, le forgeron tira de son coffre toute sa petite fortune, cent écus de six livres, et cinquante louis d'or. Avec les cent écus de six livres, il forgea quatre fers d'argent. Avec les cinquante louis, il forgea vingt-huit clous d'or, sept pour chaque fer.
À la pointe de l'aube tout était prêt. Le forgeron partait pour Nérac, sa besace de cuir en bandoulière. Dans cette besace, il y avait un pain, une gourde pleine de vin, un marteau, les quatre fers d'argent, et les vingt-huit clous d'or.
Trois heures plus tard, le forgeron mangeait et buvait, assis au bord du chemin. Dans un champ de blé voisin, chantait un grillon noir comme la suie.
- Cri cri cri. Bonjour, forgeron.
- Bonjour, grillon. Qu'y a-t-il pour ton service ?
- Cri cri cri. Forgeron, je veux savoir où tu vas.
- Grillon, je vais à Nérac, faire rire la princesse Triste-Mine, et ferrer le grand cheval blanc Brise-Fer. Ainsi, je serai le gendre et l'héritier de Henri IV.
- Cri cri cri. Forgeron, emporte-moi. Je te rendrai peut-être service.
- Grillon, avec plaisir. Allons ! Hop ! Ancre-toi fort et ferme sur mon menton.
Ce qui fut dit fut fait. Le forgeron repartit, emportant le grillon ancré sur son menton.
Trois heures plus tard, il buvait et mangeait encore, assis au bord du chemin. Dans un champ voisin, un petit rat grignotait une feuille de tabac.
- Couic couic couic. Bonjour, forgeron.
- Bonjour, rat. Qu'y a-t-il pour ton service ?
- Couic couic couic. Forgeron, je veux savoir où tu vas.
- Rat, je vais à Nérac, faire rire la princesse Triste-Mine, et ferrer le grand cheval blanc Brise-Fer. Ainsi, je serai le gendre et l'héritier de Henri IV.
- Couic couic couic. Forgeron, emporte-moi. Je te rendrai peut-être service.
- Rat, avec plaisir. Allons ! Hop ! Ancre-toi fort et ferme sur mon béret.
Ce qui fut dit fut fait. Le forgeron repartit, emportant le grillon ancré sur son menton, et le rat ancré sur son béret.
Le même soir, il ronflait comme un bienheureux entre deux draps, dans une auberge d'Agen. À la pointe de l'aube, il s'éveilla brusquement, piqué sur le bout du nez.
- Forgeron, debout, debout. Assez dormi, fainéant.
- Qui es-tu ? Je t'entends, mais je ne te vois pas.
- Forgeron, je suis la mère des puces, et je suis ancrée sur le bout de ton nez. Forgeron, je veux savoir où tu vas.
- Mère des puces, je vais à Nérac, faire rire la princesse Triste-Mine, et ferrer le grand cheval blanc, Brise-Fer. Ainsi, je serai le gendre et l'héritier de Henri IV.
- Forgeron, emporte-moi. Je te rendrai peut-être service.
- Mère des puces, demeure ancrée fort et ferme sur le bout de mon nez.
Ce qui fut dit fut fait. Le forgeron repartit, le grillon ancré sur son menton, le rat ancré sur son béret, et la mère des puces ancrée sur le bout de son nez.
Trois heures après le lever du soleil, il était à Nérac, assis sur un banc de pierre, tout à côté de la maîtresse-porte du château du roi.
Valets et servantes le regardaient en riant.
- Forgeron, qu'es-tu venu faire ici ?
- Braves gens, je suis venu parler à Henri IV, et à la princesse Triste-Mine.
- Forgeron, les voici justement, qui reviennent de la messe.
Le forgeron se présenta sans peur ni crainte.
- Bonjour, princesse Triste-Mine. Je suis venu pour vous faire rire. Bonjour, Henri IV. Je suis venu pour ferrer le grand cheval blanc Brise-Fer. Ainsi, je serai votre gendre et votre héritier.
En voyant ainsi son prétendu, avec un grillon ancré sur le menton, un rat ancré sur le béret, et la mère des puces ancrée sur le bout de son nez, la princesse Triste-Mine éclata de rire.
- Henri IV, la première moitié de mon travail est faite. La princesse Triste-Mine vient de rire, pour la première fois de sa vie.
- Forgeron, c'est juste. Et maintenant, il s'agit de descendre à l'écurie, et de ferrer mon grand cheval blanc, Brise-Fer.
- Henri IV, je suis à votre commandement.
Tous trois descendirent à l'écurie. Là, le forgeron tira de sa besace son marteau, les quatre fers d'argent, et les vingt-huit clous d'or. Henri IV et la princesse Triste-Mine ouvraient de grands yeux.
- Forgeron, voilà des fers et des clous qui n'ont pas leurs pareils au monde.
- Princesse Triste-Mine, je ne suis pas un forgeron comme les autres. L'or et l'argent ne me manquent pas. Henri IV, je ne suis pas un forgeron comme les autres. Vous allez voir ce que je sais faire.
Mais le grand cheval blanc, Brise-Fer, se méfiait. Il se cabrait, il ruait, il hennissait à se faire entendre à plus de sept lieues. Le forgeron ne faisait qu'en rire.
- Grillon, fais ton métier.
Aussitôt, le grillon sauta dans l'oreille du grand cheval blanc Brise-Fer, et se mit à chanter tant qu'il put : Cri cri cri. Cri cri cri. Cri cri cri.
Assourdi par ce tapage, le cheval eut bientôt fini de se cabrer, de ruer, et de hennir. Doux comme un mouton, il baissait le nez à terre.
- Rat, fais ton métier.
Aussitôt, le rat sauta sous le nez du grand cheval blanc, Brise-Fer, et se mit à péter et à vesser tant qu'il put.
- Pan ! pan ! pan ! Ft ! ft ! ft !
Pets et vesses empestaient le tabac, dont le rat avait coutume de se nourrir. À cette odeur, le cheval s'endormit.
Alors, le forgeron le ferra des quatre pieds, lui mit la bride et la selle, et sauta dessus, sans peur ni crainte.
- Hue ! Hue donc !
Le grand cheval blanc Brise-Fer se leva. Maintenant, il obéissait à la main et à la voix.
Alors, le forgeron dit au roi :
- Henri IV, la seconde moitié de mon travail est faite. Le grand cheval blanc, Brise-Fer, est ferré des quatre pieds. Ainsi, je dois être votre gendre et votre héritier.
- Forgeron, c'est juste. J'entends que tu épouses ma fille ce matin même. Intendant, cours avertir le curé. Et vous, servantes et valets, préparez vite une belle noce.
Ce qui fut dit fut fait. Jamais on n'avait vu, jamais on ne verra noce pareille. Pourtant, le forgeron n'était pas content, et ne mangeait pas de bon appétit. Il pensait :
- Voici venir l'heure des embarras. Ce matin, j'ai dit devant la princesse Triste-Mine et Henri IV : « L'or et l'argent ne me manquent pas. » Pourtant, je suis plus pauvre que les pierres. Mon petit avoir est passé, passé tout entier à ferrer des quatre pieds le grand cheval blanc, Brise-Fer. Que faire, mon Dieu ? Que faire ?
Au sortir de table, un jeune homme s'approcha du marié.
- Forgeron, je veux te parler en secret.
- Mon ami, je suis à ton commandement.
- Forgeron, j'aime de tout mon coeur la princesse Triste-Mine, qui n'a pas voulu de moi. Forgeron, je suis riche comme la mer. Écoute. L'heure approche où tu dois aller te coucher avec ta femme. Jure-moi, par ton âme, de n'y pas toucher de toute la nuit, et demain matin je te donne un grand sac, plein de quadruples d'Espagne.
- Mon ami, c'est convenu.
Ce qui fut dit fut fait. Au lieu de souffler la lumière, et de se coucher près de sa femme, le forgeron passa toute la nuit à se promener dans la chambre. D'heure en heure, il demandait à la princesse Triste-Mine :
- Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ?
Au lever du soleil, il s'en aIla trouver le jeune homme.
- Mon ami, j'ai gagné ce que tu m'as promis hier soir.
Tandis que le forgeron cachait son or, Henri IV entra dans la chambre de la princesse Triste Mine.
- Eh bien ! ma fille, comment as-tu passé ta première nuit de noces ?
- Mon père, ne m'en parlez pas. J'ai couché seule. Toute la nuit, mon mari s'est promené dans la chambre. D'heure en heure, il me demandait : « Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ? »
- Ma fille, ton mari t'a fait un grand affront. Je compte bien que, la nuit prochaine, il ne recommencera pas.
Mais le forgeron avait un autre grand sac de quadruples d'Espagne à gagner comme le premier. Au lieu de souffler la lumière, et de se coucher près de sa femme, il passa toute la nuit à se promener dans la chambre. D'heure en heure, il demandait à la princesse Triste-Mine :
- Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ?
Au lever du soleil, il s'en alla trouver le jeune homme.
- Mon ami, j'ai gagné ce que tu m'as promis hier soir.
Tandis que le forgeron cachait son or, Henri IV entra dans la chambre de la princesse Triste-Mine.
- Eh bien ! ma fille, comment as-tu passé ta seconde nuit de noces ?
- Mon père, ne m'en parlez pas. J'ai couché seule. Toute la nuit, mon mari s'est promené dans la chambre. D'heure en heure, il me demandait : « Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ? »
- Ma fille, ton mari t'a fait un autre grand affront. Je compte bien que, la nuit prochaine, il ne recommencera pas.
Mais le forgeron avait un autre grand sac de quadruples d'Espagne à gagner, comme les deux premiers. Au lieu de souffler la lumière, et de se coucher près de sa femme, il passa toute la nuit à se promener dans la chambre. D'heure en heure, il demandait à la princesse Triste-Mine :
- Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ?
Au lever du soleil, il s'en alla trouver Le jeune homme.
- Mon ami, j'ai gagné ce que tu m'as promis hier soir. Et maintenant, je suis assez riche. Ce soir, ma femme aura de mes nouvelles.
Tandis que le forgeron cachait son or, Henri IV entra dans la chambre de la princesse Triste-Mine.
- Eh bien ! ma fille, comment as-tu passé ta troisième nuit de noces ?
- Mon père, ne m'en parlez pas. J'ai couché seule. Toute la nuit, mon mari s'est promené dans la chambre. D'heure en heure, il me demandait : « Femme, sais-tu combien de quadruples d'Espagne peut contenir un grand sac ? »
- Ma fille, ton mari a fini de te faire de grands affronts. Je ne veux pas d'un chapon pour gendre, et tu n en veux pas pour mari. Ton mariage, je le romps. Ce matin même, tu épouseras le riche galant dont tu ne voulais pas.
Ce qui fut dit fut fait. Alors, le forgeron devint bien triste, car il aimait sa femme de tout son coeur.
Le grillon, le rat, et la mère des puces le consolaient.
- Bon courage, forgeron. Nous ne t'abandonnerons pas.
En effet, une heure avant le coucher, les trois bestioles attendaient, cachées sous le coussin du lit de la princesse Triste-Mine.
Les mariés se mirent au lit.
Aussitôt, le grillon et la mère des puces sautèrent sur le mari, pour le tourmenter et le mordre jusqu'au sang. Il criait et sautait, comme un possédé du Diable. À force de se démener, le pauvre homme épuisé finit par retomber comme une masse. Alors, le rat sauta sous son nez, et se mit à péter et à vesser tant qu'il put.
- Pan ! pan 1 pan ! Ft ! ft ! ft 1
Pets et vesses empestaient le tabac dont le rat avait coutume de se nourrir. À cette odeur, le mari s'endormit comme une souche.
Le lendemain, comme il ronflait toujours, Henri IV entra dans la chambre de la princesse Triste-Mine.
- Eh bien ! ma fille, comment as-tu passé la première nuit de tes noces ?
- Mon père, ne m'en parlez pas. Regardez plutôt ce rien qui vaille. Je préfère encore le forgeron.
- Ma fille, tu auras contentement. Ton second mariage, je le romps. Ce matin même, tu épouseras de nouveau ton premier mari.
Ce qui fut dit fut fait. La nuit venue, le forgeron prouva qu'il n'était pas un chapon.



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