La bataille de Mag Tured


Trois fois dix ans s'étaient écoulés depuis la bataille contre les Fir Bolg ; depuis sept ans se préparait l'affrontement décisif contre les Fomoires quand, un matin, la veille de la fête de Samain, la déesse Morrigane arriva, porteuse d'inquiétantes nouvelles : à l'aide de navires disposés côte à côte, les monstres avaient bâti un pont qui reliait leur île de Tory à la grande île d'Érin et ils étaient prêts à passer à l'attaque. Bien qu'ils se fussent activement préparés au combat, les Dananns prirent peur en entendant ce message. Ils n'étaient pas encore tout à fait disposés à livrer bataille sans inquiétude.
Ils envoyèrent leur roi Dagda l'Ancien au camp ennemi pour parlementer, avec mission d'obtenir encore quelques jours de délai avant de sonner l'attaque. Les Fomoires furent si surpris de cette visite qu'ils en oublièrent d'abord de traiter Dagda avec leur malignité habituelle. Mais ils se ressaisirent bien vite.
Avec un sourire sardonique, Bress en personne invita Dagda à s'asseoir près d'un feu sur lequel était posé un immense chaudron bouillonnant.
- Viens donc manger quelque chose, cela t'évitera de colporter la rumeur de notre manque d'hospitalité...
Sous le regard incrédule de Dagda, les Fomoires versèrent dans le chaudron du lait, des moutons et des porcs entiers.
« Ils s'enorgueillissent de posséder une marmite aussi précieuse que mon chaudron, mais le mien reste toujours plein sans qu'il soit besoin d'y jeter quoi que ce soit », pensa Dagda.
Les Fomoires éteignirent alors le feu et, avant que le vieux démiurge ait pu les en empêcher, ils déversèrent tout le contenu du chaudron dans un trou profond préparé à cet effet.
- Eh bien, ne sois pas timide, dit Bress avec un sourire. Si tu ne te sers pas, nous en prendrons offense et nous devrons punir cet affront par la mort, tu ne le sais que trop.
Dagda ne répondit rien. Il se contenta de tourner le dos aux Fomoires et une immense cuillère apparut instantanément dans sa main. Il s'assit près du caveau et se mit à manger. Les monstres n'en croyaient pas leurs yeux : il vida entièrement le trou et en retira jusqu'au plus petit morceau de viande. Il essuya enfin sa barbe et s'endormit satisfait. Il avait déjoué la ruse des Fomoires et, pendant ce temps, les Dananns avaient eu tout le temps de terminer leurs préparatifs militaires.

Le 1er novembre, jour de Samain, les deux armées se rencontrèrent sur la plaine de Mag Tured.
Les Dananns n'avaient que mépris pour les armures. Aussi, ils se présentèrent en tunique de soie fine, sous la seule protection de boucliers en bronze. Chacun brandissait fièrement l'arme de son choix : épée ou lance, mais aussi fronde, massue ou hache. Seule exception, Lug, dans son char de guerre, était coiffé d'un casque luisant, doté d'une lourde armure, et protégé par neuf gardes du corps en armes... De leur côté, les Fomoires étaient armés de pied en cap, de sorte que l'on ne pouvait que deviner leur hideux visage bestial et leur corps disgracieux.
Les deux armées se tenaient immobiles. Seuls quelques combattants entrèrent en lice et se livrèrent un combat sans merci sous le regard des autres.
Pendant plusieurs jours, des soldats des deux camps se mesurèrent ainsi. Les Dananns sortaient victorieux d'un combat, les monstres triomphaient au combat suivant, mais, alors que les Fomoires abattus restaient étendus au sol près de leurs armes brisées, les dieux revenaient le lendemain en pleine santé, porteurs d'épées intactes.
Que cachait donc ce curieux phénomène ? Les Fomoires le découvrirent bientôt : tout Danann blessé ou tué était conduit auprès du guérisseur divin Diancecht. Celui-ci plaçait les corps dans un puits dont les eaux miraculeuses guérissaient les blessures en un instant et ramenaient à la vie ceux qui avaient été tués. Quant aux armes brisées, elles étaient réparées par le forgeron Goibniu en moins de temps qu'il n'en faut pour tourner la tête. Furieux d'apprendre que de tels miracles avaient lieu, Bress chargea son propre fils Ruadan de tuer le forgeron, mais il échoua : Goibniu parvint à saisir l'épée de son agresseur au moment même où elle allait lui transpercer le coeur et ce fut lui qui tua Ruadan.
Les Fomoires réussirent toutefois à anéantir les pouvoirs de la source magique. Par une sombre nuit, ils apportèrent d'immenses pierres tirées de la rivière et en jetèrent tant dans le puits que les Dananns ne purent le déboucher.
Ravis de ce succès, les Fomoires n'attendirent pas une minute pour lancer leur armée pareille à un monstrueux mille-pattes. Quand Lug comprit ce qui arrivait, il planta là son escorte et mena son char à toute allure afin de rejoindre ceux de ses combattants qui tenaient la ligne de front.
- Suivez-moi, à l'attaque ! parvint-il à crier avant de se mesurer aux monstres qui l'entouraient déjà.
Les armures, les glaives et les lances s'entrechoquèrent dans un fracas terrifiant. L'air sifflait autour des flèches décochées de toutes parts, les massues et les haches tonnaient sur les armures. Et par-dessus ce vacarme retentissait haut et fort un cri de guerre à faire vibrer les nuages :
- Abou, abou, abou !
Les troupes ennemies se battirent de si près, les armures et les corps, les épées et les glaives, les lances et les hallebardes se rencontrèrent si bien qu'un nuage de poussière miséricordieux descendit afin de dissimuler l'épanchement de sang qui suivit. À peine le clairon avait-il sonné le début du combat que la rivière Unshin se mit à charrier des corps sans vie plus nombreux que les grains de sable qu'elle ramasse sur ses rives ou que les flocons de neige qui fondent en ses flots chaque hiver. Les victimes tombèrent toujours plus nombreuses dans les deux camps. Les Fomoires perdirent leur terrible guerrier Indech, mais leur monstrueux chef Balor se faisait un chemin parmi les troupes des dieux comme il aurait marché dans un champ de coquelicots. C'est ainsi que Nuada à la Main d'argent fut tué sans avoir seulement pu ébaucher la moindre esquive face au féroce géant borgne.
À cette vue, Macha, épouse de Nuada et elle-même foudre de guerre, se lança à la poursuite du monstre en brandissant une épée. Mais Balor la tua elle aussi d'un seul coup et la jeta dans la rivière, dont les eaux se transformèrent alors en une mousse épaisse.
Qui sait comment se serait terminée cette bataille sans Lug ? Il maniait merveilleusement son glaive et fut d'un grand secours aux Dananns. Il vit enfin Balor et lui lança :
- Viens donc te battre avec moi, l'ancêtre, et nous verrons bien qui est le plus puissant !
Sa voix rugissait si fort qu'elle couvrit à elle seule le vacarme du combat. Dès qu'il le vit, Balor se jeta sur lui tandis que ses maîtres d'armes le suivaient tant bien que mal.
Il s'arrêta tout de même à quelque distance afin que Lug ne puisse l'attaquer. À ce moment-là seulement, il désigna son second oeil, l'oeil du maléfice, qu'il avait tenu fermé jusqu'alors. En un instant, ses aides l'entourèrent et se mirent à soulever sa paupière avec un énorme croc. Ils parvinrent à peine à l'ouvrir, mais un simple regard de son oeil à demi caché suffit à embraser l'herbe et à diviser le sol tandis que les rochers se fendillaient. Lug savait bien qu'il devait mettre, par tous les moyens, la magie de son grand-père en échec, sous peine de voir ce regard de feu détruire toute l'armée des Dananns, lui compris. Érin elle-même risquait d'être ravagée ou même engloutie, ainsi que les monstres en avaient fait la menace.
Le dieu du Soleil sortit une fronde. Il y déposa un tathlum magique composé de sable d'Armorique et lié au sang de grenouille, d'ours, de lion et de serpent, et se prépara à tirer. Le roc sur lequel il se tenait était prêt à se fendre en deux sous le regard de Balor quand le projectile s'échappa de la fronde à la vitesse de l'éclair.
L'oeil maléfique s'ouvrit tout grand, mais le monstre ne put même pas voir son ennemi. Son oeil fut percuté avec une telle puissance et une telle vitesse qu'il sortit de son orbite.
La fin de Balor, tyran fomoire, sonna également la fin de la bataille. Voyant que leur roi était mort, les gradés hésitèrent un instant avant de quitter le champ de bataille en grand désordre. Les dieux les poursuivirent jusqu'à la côte et parvinrent à en tuer une quantité innombrable. Enfin, les quelques Fomoires survivants disparurent à tout jamais sous la surface de l'eau et la mer redevint paisible, même si, au loin, la crinière mousseuse des chevaux de Manannan démentait le calme de la soirée.
Les glorieux Dananns, assemblés sur la plage, admiraient en silence le coucher du soleil quand Badb, soeur de la déesse Morrigane, fit une étrange prophétie, si étrange qu'elle resta alors incomprise :

Nous remercions le ciel
Tandis qu'il descend sur Érin,
Car nous possédons la force.
Mais je vois le jour
Où une autre menace sortira du ciel rouge
Et nous trouvera désarmés.

Quand viendra un été sans fleurs,
Quand nulle nageoire ne fendra les flots,
Quand les femmes ne sauront plus la honte,
Quand les combats fendront le coeur des soldats,
Quand le sage
Deviendra fou...

Le dieu du Soleil en personne fut désigné pour succéder sur le trône royal à Nuada à la Main d'argent, qui avait péri au combat contre les Fomoires. Toutefois, il ne tarda pas à céder son pouvoir à Dagda, qui lui-même le transmit à Delbaeth. Les uns après les autres, les rois se succédèrent à Tara, jusqu'au jour où commença le règne des fils d'Ogma : mac Cuill, Mac Cecht et mac Grené.
C'est alors que se vérifia l'augure de Badb. Les premiers jours de la saison de Beltaine étaient passés depuis longtemps mais les épines noires et les pommiers n'avaient toujours pas fleuri... Nul poisson ne nageait dans la mer. Les rivières, que les saumons remontaient d'habitude en si grand nombre qu'ils pouvaient à peine s'y frayer un chemin, étaient désertées. Mais le plus grand chagrin du narrateur est de devoir révéler que les querelles internes des guerriers dananns faisaient couler le sang de leurs frères, de même que la sottise des anciens. Tout cela jetait le discrédit sur la bravoure des premiers et la sagesse des seconds.
Un jour, des vaisseaux inconnus apparurent à l'horizon sud-ouest, poussés vers Érin par un vent écarlate. Ces visiteurs-n'étaient ni divins ni monstrueux. C'étaient les premiers hommes. Ils étaient mortels, même si à leur tête se trouvait le fils du dieu des Enfers et de la Mort, celui-là même qui les avait créés. Ce dieu, Bilé, s'était fait construire une tour sur les rives du royaume de l'au-delà, en Hispanie, et, par un clair et transparent après-midi d'hiver, un miracle avait eu lieu : dans la lueur du soleil couchant, Miled, fils de Bilé, avait vu Érin du sommet de la tour. Enchanté par l'incroyable beauté de cette terre, il avait crié :
- Je ne vivrai nulle part ailleurs que sur cette île lointaine !

Et voilà pourquoi les vaisseaux des Milésiens approchaient d'Érin. Sur la première embarcation se trouvaient Miled et huit de ses fils, chacun accompagné de son épouse, tandis que le second était occupé par des combattants et trente-six chefs de guerre.
Nombreux étaient les impatients qui ne pouvaient attendre de poser enfin le pied sur la terre. Cette impatience coûta même la vie à l'un d'eux, Aranan. Il était monté sur la tête du mât pour être le premier à voir l'île, mais il ne put s'y cramponner assez fort pour résister à un brutal coup de vent et fut précipité dans les flots agités, où il se noya.
Les Milésiens abordèrent à grand-peine la côte protégée de hautes falaises et battue par les vagues. Quand ils y parvinrent enfin, le druide Amergin fut le premier à toucher terre. Il regarda autour de lui, leva les yeux vers les ténèbres où sombrait l'île et ses lèvres indolentes scandèrent un chant :

Suivez-moi sur la terre dIrlande
À la beauté inégalée.
Écoutez, je vous montrerai
Où bâtir un abri en un instant,
Où chasser et semer au printemps,
Où faire paître vos agnelles
Où trouver Tara l'éternelle...

Ces mots d'encouragement suffirent aux Milésiens. Il faisait nuit noire, mais ils laissèrent leurs vaisseaux à l'ancre et suivirent Amergin. Dans l'obscurité, ils empruntèrent des chemins inconnus à travers les collines et vallées ; ils franchirent les rivières et les torrents de montagne ; ils se frayèrent un passage à travers les épaisses forêts et foulèrent les prés où l'herbe grasse atteignait la ceinture. Pendant bien longtemps, ils ne rencontrèrent pas âme qui vive. Mais, quand le jour se leva, ils virent devant eux une très belle femme dont la robe trahissait la noblesse.
- Si vous venez conquérir cette île, leur dit-elle, je dois vous avertir que vous n'y parviendrez pas, à moins de lui donner mon nom.
- Et quel est ce nom ? demanda Amergin.
Je suis la déesse Banba, épouse du roi danann mac Cuill, qui règne sur ces terres avec ses deux frères.
- Qu'il en soit ainsi, dit Amergin.
Et la déesse, à la consternation générale, disparut comme par magie.
Ils reprirent leur chemin, frappés par l'abondance des bêtes sauvages et des poissons. Alors que le soleil culminait à l'horizon, ils remarquèrent devant eux une autre femme. Sa robe était encore plus resplendissante, son visage encore plus beau que ceux de la première.
- Si vous voulez devenir les maîtres de cette île, je vous apporterai mon aide, mais à une seule condition, dit-elle aux Milésiens.
- Et quelle est-elle ? s'enquit Amergin.
- Je veux que l'île porte mon nom. Je suis la déesse Fohla, épouse du roi mac Cecht.
À peine le druide avait-il donné son assentiment que la deuxième déesse danann disparut comme sur un coup de baguette magique. Ils prirent le chemin le plus court pour Tara, guidés par Amergin. La nuit allait tomber quand ils rencontrèrent une troisième femme, la plus belle des trois. Ils avaient du mal à savoir s'ils étaient enchantés par sa beauté divine ou par sa parure éblouissante, aussi brillante que si elle avait été tissée avec la lumière des astres. Elle parlait doucement et sa voix évoquait une harpe mélodieuse.
- Je suis Eriu, épouse du roi mac Grené. Je sais que tu auras le dessus sur notre peuple, pour peu que tu donnes mon nom à notre île.
- Je suis d'accord, répondit Amergin. Après tout, ce nom est celui de la plus belle créature que nous ayons jamais vue...
À ces mots, Eriu lui adressa un sourire reconnaissant et disparut de la même manière que Banba et Fohla.

Amergin n'avait pas dupé les trois déesses en leur promettant de donner leur nom à l'île. En effet, selon les occasions, on la désigna dès lors du nom de Banba ou de Fohla, même si, le plus souvent, on l'appelait Érin, nom qui a perduré jusqu'à nos jours.
Les Milésiens se retrouvèrent bientôt devant les portes de Tara. Voyant arriver l'ennemi, les dieux furent pris de panique. Ils le savaient, ils n'étaient pas prêts à livrer bataille ; c'est pourquoi ils demandèrent aux mortels de leur donner un peu de temps et d'aller passer au moins trois jours sur leurs navires à l'ancre. Après ce délai, expliquèrent-ils, le combat serait loyal. Il fallait aux Dananns le temps de reprendre des forces.
Sur les conseils d'Amergin, Miled et son fils ainé Eber Donn acceptèrent ; tous les Milésiens retournèrent vers la côte sans le moindre murmure de protestation. À peine avaient-ils embarqué qu'un orage violent éclata. Leurs trente curraghs furent secoués comme de vulgaires coquilles de noix par des vagues puissantes qui les éloignèrent de la côte irlandaise sans en faire couler un seul.
La mer se calma quelque temps, mais bientôt le tonnerre se mit à rugir et les vagues, fidèles chevaux de Manannan, prirent une hauteur impressionnante, comme frappées de coups de fouet. Une violente tempête se leva ; nul Milésien n'en avait jamais connu de pareille, mais tous survécurent.
Enfin, le troisième stratagème de Manannan fut de poser son manteau magique sur les vagues. Il fit descendre un brouillard si profond que les hommes voyaient à peine le bout de leur nez. Le calme le plus profond s'installa, à tel point que le moindre murmure résonnait comme une menace de mort, comme un avertissement aux Milésiens : ceux-ci devaient retourner au royaume des enfers de Bilé et ne jamais revenir.
Mais ils vinrent à bout des trois sorts que leur avaient jetés les Dananns et regagnèrent la côte où ils avaient débarqué trois jours auparavant. Sans hésiter, Amergin conduisit les mortels vers Tailteann, où les attendaient les troupes des Dananns.
Le combat n'aurait pas pu être plus différent de celui qui avait opposé les Dananns aux Fomoires : leurs armes magiques ne leur furent d'aucun secours. Leurs bras musclés ne purent venir à bout des êtres humains. Peu à peu, les Milésiens gagnèrent du terrain. Et, quand tombèrent les trois rois dananns, y compris mac Grené qui fut abattu par Amergin en personne, les hommes surent que la victoire leur appartenait.
Soudain, un souffle de vent chaud balaya le champ de bataille et, une nouvelle fois, un épais brouillard descendit. Dans l'ignorance de leur sort, les Milésiens apeurés se tinrent immobiles et, quand la brume se dissipa, il ne restait plus trace des Dananns. Les vivants et les morts avaient disparu, tout comme les déesses qui les avaient encouragés pendant la bataille. Même la harpe du vieux Dagda s'était évaporée.
Le druide Amergin énonça alors sa seconde prophétie. Les mortels eurent d'abord du mal à l'accepter, mais ils furent bientôt témoins de son exactitude, non démentie à ce jour :
- Ne croyez pas que les Dananns se soient retirés d'Érin. Certes, quelques-uns, comme Manannan, sont bel et bien partis au large, sur l'île enchantée de Tir na n'Og, mais la plupart sont restés à Érin. Ils sont désormais nos voisins, même si l'oeil humain ne saurait les distinguer. Ils se cachent au fond des grottes et derrière les collines, dans les lacs, les rivières et les torrents et jusqu'au faite des vieux arbres. Les dieux dananns habitent à présent la sidhe, la montagne enchantée, ils se sont changés en farfadets et autres créatures fabuleuses. Mais ne vous y trompez pas ! Même si ces lutins vous semblent minuscules, ils ont conservé tout leur pouvoir. Ils peuvent changer le sort de chacun d'entre nous à volonté. Nous devons donc vivre en paix avec eux.