
DOUCE FLEUR
Douce fleur Jeune au bonheur Pose ton cœur Sur mon cœur
Ecoute-le…
Ecoute… ! Ecoute cette souffrance, Ce besoin d'espérance.
Amour, amour… Bonheur, bonheur…
Mais, vierge encore au malheur Tu ne peux pas comprendre Ces cris désespérés. C'est mieux ainsi.
Goûte la joie
Sans moi. Va maintenant. Laisse-moi
Seul.

Sélectionné par par « Le crayon mordu », Editions
Répondre à l'inéluctable appel des sirènes tentatrices suivre les reines des abysses
et sombrer lentement vers des profondeurs inconnues calmes. si calmes.

Si le tourbillon de mes pensées pouvait soudain s'arrêter je flotterais dans l'espace infini
délivré sublimé et je reverrais ton visage

ÉLU
Et l'or des forsythias Sur ta bouche vermeille Semblait être un éclat, Une part de soleil !
J'ai mendié tes yeux Où brillait la lumière Du plus doux des aveux Qu'un fol amant espère.
.Et tu m'as regardé !
Et l'ombre du feuillage, Par le vent caressé, Jouait sur ton corps sage Que je voulais aimer.
J'ai demandé ton corps,
Temple de mon désir, Adorable trésor Prêt à s'épanouir !
.Et tu me l'as donné !
Car tu m'avais choisi,
Inoubliable instant Dont je fus ébloui, Pour être ton amant !

DEVENIR
Ils allaient, innocents -Il n'avait que seize ans Ainsi que sa compagne- Dans la verte campagne.
Les blés ondulaient, blonds Et le vol de hérons Soulignait le ciel bleu.
Les gentils amoureux Enlacés, avançaient
-Cupidon les guidait- Vers des lieux si charmants Que, soudain, les enfants Se sentirent troublés
Et que leurs doigts noués Un instant se serrèrent. Leurs doux yeux se
cherchèrent.
Lorsque s'en fut le jour, Le chemin du retour
Accueillait deux amants Graves, heureux et portant Au plus profond du cour, Le bonheur.

COMPLICITE
Merci le vent D'avoir caressé ses cheveux Me dévoilant de si beaux yeux !
Merci le vent D'avoir soulevé son jupon Me révélant son genou rond !
Merci le vent De lui avoir donné si froid Qu'elle s'est blottie contre moi !
Merci le vent De m'avoir aidé, à seize ans, A devenir son doux amant !

MA PETITE MAISON
Ma petite maison, Cachée là, dans les taillis, N'a pas encore très bien compris Son abandon.
Et, triste, elle a penché, Aidée par le vent méchant, Son petit toit et son auvent, Sa cheminée.
Vermoulus, ses volets Brisés sont sortis de leurs gonds Et doucement posent leur front Sur les murets.
Ma petite maison A vu tomber ses fenêtres Par lesquelles on voyait paître Les blancs moutons.
Tracés sur les côtés, Ses beaux jardins, ses pelouses Où l'ortie repousse Sont délaissés.
Sa vieille fontaine Où flottait le tendre cresson Ne chante plus sous le buisson De marjolaine.
Ses tuiles sont tombées, Fatiguées des coups du vent En laissant voir les trous béants Du toit percé.
Mon vieux lit de chêne Désarticulé par le temps N'accueille plus les amants, La châtelaine.
Ma petite maison N'a pas encore très bien compris Que lorsque mon amour a fui J'ai perdu la raison.

PRINTEMPS
Le soleil scintillait A travers les grêlons. Joyeux, il souriait Aux mésanges, aux pinsons.
Les poiriers fleurissaient Déjà timidement ; Pourtant, ils frissonnaient Sous un frais petit vent.
Puis, la grêle a cessé Et le merle frondeur A plongé vers le pré Cherchant quelque douceur.
Les crocus jaunes et blancs Secouaient des pétales En sonnaillant gaiement, Des perles de cristal.
Etait-ce enfin le temps Des joies de mille sortes ? Oui ! C'était le printemps Paraissant à ma porte !

AMOUR D'ÉTÉ
Viens t'en chasser la libellule Au long des prés marécageux. Allons cueillir la campanule
Au bord des bois mystérieux. Viens ! Jouissons de l'été, Des grandes herbes qui frissonnent. Allons ensemble contempler
Les rudes hommes qui moissonnent, Les chars dorés, pleins à ridelles De grandes gerbes de beau blé mûr
Avançant sous l'immense ciel. Et, si le soleil est trop dur, Nous chercherons un coin ombreux,
Un coin secret, calme et charmant Où nous nous aimerons un peu Et tout sera plus beau qu'avant.

LE FOU
Sélectionné par RTL Editions, « Les poèmes à tout le monde », 1984
Chacun le disait fou. Il semblait anormal.
Il s'écartait des gens et craignait l'animal. On le montrait du doigt, on cachait les enfants.
On ne le savait pas, il les aimait pourtant.
On juge sur la mine ou sur la façon d'être ;
On ignore souvent la tristesse des êtres. Cet homme, jeune encore, dont les traits ravagés
Témoignaient d'une vie marquée par le passé, Revenait d'un pays où règne encore la guerre
Et qui, pour mieux tuer, cherchait des mercenaires. Il s'était engagé, croyant en l'aventure,
Mais ce qu'il avait vu était beaucoup trop dur : Il avait vu la faim, la vraie, celle qui tue,
Là où les armes à feu remplacent la charrue.
Il a connu l'horreur des enfants affamés
Hurlant après leur mère, tous nus dans le fossé. Poursuivi dans la nuit, pourchassé dans ses rêves,
Il a su, qu'assassin, il n'aurait plus de trêve. Son regard a changé, son esprit a sombré ;
Il en est revenu sans jamais oublier.
Chacun le disait fou ; on cachait les enfants.
On ne le savait pas mais il les aimait tant.

LEÇON DE CHAMPS
Lorsque j'étais petit, que j'étais un enfant,
Imitant les oiseaux, je sifflais tout le temps.
Je parcourais les bois, appelant les mésanges, De leur doux gazouillis, copiant les échanges.
Les merles s'échappaient effrayés des taillis : De leur « sauve-qui-peut » j'avais poussé le cri !
Et le timbre argenté du beau chardonneret Depuis longtemps, pour moi, n'avait plus de secret.
Je faisais des duos, assis au pied des aulnes, Répondant sans repos au tarin vert et jaune.
Camouflés dans leur nid installé près du sol, Les petits du bruant, sachant leur mère en vol,
Piaillaient, affamés, entendant son tic-tic Que j'avais imité de façon diabolique ;
Et en joignant les mains, soufflant à petits coups, Je trompais aisément l'infidèle coucou ;
J'avais appris le chant orchestré du pinson Et chantais, comme lui, caché dans le buisson.
Ayant laissé aux champs, le gai moineau friquet, Revenu dans la ville où vit le martinet,
Je sifflais d'autres airs que j'avais entendus. On me reconnaissait quand passant dans les rues,
J'allais jusqu'à l'école avec dans le cerveau Les plus belles leçons apprises des oiseaux..

CRÉPUSCULE.
Fatigué, Le soleil s'est posé doucement Sur l'horizon.
Entouré De nuages rosés, Il éteint lentement ses rayons.
Le vent Soudainement calmé
Ne fait plus frissonner les champs blonds
Tremblant, L'oisillon s'est caché
Bien au creux de son nid, dans un tronc.
Les cieux Semblent s'être embrasés
Et, là-bas, dans le fond du vallon, Nos deux cours enlacés, nous rêvons.

ROSES DU MATIN.
Amour, pour toi, j'avais cueilli La rose tendre du matin.
Et sur ton sein, tu avais mis Les doux pétales de satin.
Ton cour aimant tremblait d'émoi
Et je lisais dans tes beaux yeux : « Je me suis gardée pour toi,
Mon tendre aimé, mon roi, mon dieu ».
Si j'avais su que peu d'aurores Auraient éclairé notre amour,
Je t'aurais cueilli plus encore Des roses rouges au point du jour.

L'ÉTOILE.
J'ai vu l'étoile bleue briller au firmament.
J'ai rêvé de ses yeux, j'ai revu ta maman. J'ai rêvé d'autrefois, pensé à mon aimée ;
J'ai pleuré doucement sur mes amours passées.
Il faut qu'on te le dise, il faut que tu le saches,
Combien elle était belle, courageuse à la tâche ; Ne vivant que pour nous, rayonnant la douceur.
Je ne croyais pas perdre un aussi grand bonheur !
La vie sur terre est dure, il faut te méfier ;
Te tenir sur tes gardes, en la félicité Car le malheur attend et lorsque l'on n'y croit,
Il frappe durement, te fait porter la croix.
Lève parfois les yeux et regarde le ciel
Et si tu vois l'étoile : recueille-toi ! C'est Elle.

ENCHANTEMENT.
As-tu senti frémir Le souffle du « je t'aime »
Que je n'ose te dire Autrement qu'en poèmes, Lorsque mes doigts tremblants,
Irrévérencieux, Ont passé lentement Contre tes doux cheveux ?
Oh ! Déjà mille fois Je l'avais esquissé Ce geste et mille fois Ne l'ai point achevé.
Je me souviens alors D'un songe d'autrefois Où la fée aux yeux d'or
Qui s'avançait vers moi Disparaissait soudain Par un enchantement
Quand je tendais la main Vers son corps, tendrement.
Lors, je suis effrayé
A l'idée de ternir Cette belle amitié Qui semble nous unir.
Mais mon amour est pur
Et je t'aime vraiment ; Mon coeur n'est que brûlure ; Je redeviens enfant.
Tu es fée des bois Apparaissant alors Et tout comme autrefois
Je tends la main, encore.

MAIS DANS MON COEUR TU RESTERAS.
O limpide ruisseau si fidèle à ton cours,
Je viens te contempler pour la dernière fois. Je ne reviendrai plus ainsi que tant de fois
Admirer tes eaux pures lorsque tombe le jour.
J'habite en un pays merveilleux cependant
Où coule une rivière aux aspects de torrent. Mais au hasard des routes, je t'ai rencontré
Et, sans plus réfléchir, je me suis attaché A ton léger murmure et à tes eaux sans rides
A tes bords accueillants, à ton cadre candide.
Lorsque j'ai contemplé tes méandres exquis,
Longtemps je suis resté, oubliant mon pays. Hélas arrive un temps où la raison domine
Et je dois retourner, bien que mon cour s'obstine, Vers ce pays connu où j'ai tout découvert
Mais d'où je rêverai à cet endroit si cher.
Je viens te contempler pour la dernière fois !
D'autres coeurs t'aimeront bien plus jeunes que moi !

SOUHAIT.
Ah ! Retrouver cet âge Innocent, sans soucis Et grimper aux
feuillages Pour y trouver des nids ; Courir à travers champs Sans nulle retenue,
Reconnaître le chant De l'oiseau dans la nue ; Faire mille grimaces Au gros chien du voisin
Etant bien sûr qu'en place, Une chaîne le tient ; Avoir encor' huit ans Soit dit en d'autres
mots. Etre heureux d'être enfant Comme toi, mon Pierrot !

LE SABLIER DU TEMPS.
Dans sa vieille maison, penchée vers l'âtre,
Paraissant endormie, les yeux mi-clos, Inclinant sa coiffure blanchâtre,
Regardant des anciennes photos, L'aïeule revit le passé. Elle songe au beau gars
Lui donnant un baiser Et disant tout bas : Viens ! pour toujours Aimons-nous
D'amour Fou. * Tout Est loin. Malgré tout, Des jours éteints Elle veut
rêver. C'est si doux dans son coeur De penser à l'être aimé Qui lui donna tant de bonheur.
Et, penchant sur la flamme rouge Des tisons qui s'éteignent lentement, Ses yeux fatigués où deux
larmes bougent, La vieille soupire et s'endort doucement.

MANEGE
Manège merveilleux ! comme tu les rends heureux ces petits
assis dans tes autos, sur tes vélos rutilants : pédalant vers le rêve dans la
fièvre !
Petits minois levés aux yeux emerveillés, saoulés par les néons et cherchant
le ballon : récompense qui danse, les frôle.
Manège, c'est drôle ! tous les enfants
sont beaux perchés sur tes chevaux or et blancs éclatants. Ils se croient à la fois :
Robin des Bois, Buffalo, les peaux-rouges. Et ça tourne ! Et ça bouge !
Ô
manège enchanteur moulinant du bonheur, ne diparais jamais ! Car tu sais : nous les grands
aussi t'aimons tant !
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