Le baiser rendu.
Guillot passoit avec sa mariée.
Un gentilhomme à son gré la trouvant :
« Qui t'a, dit-il, donné telle épousée ?
Que je la baise, à la charge d'autant.
- Bien volontiers, dit Guillot à l'instant :
Elle est, Monsieur, fort à votre service. »
Le Monsieur donc fait alors son office,
En appuyant. Perronnelle en rougit.
Huit jours après, ce gentilhomme prit
Femme à son tour ; à Guillot il permit
Même faveur. Guillot, tout plein de Zèle :
« Puisque, Monsieur, dit-il, est si fidèle,
J'ai grand regret, et je suis bien fâché
Qu'ayant baisé seulement Perronnelle,
Il n'ait encore avec elle couché. »
Soeur Jeanne, ayant fait un poupon,
Jeûnoit, vivoit en sainte fille,
Toujours étoit en oraison ;
Et toujours ses soeurs à la grille.
Un jour donc l'abbesse leur dit :
« Vivez comme soeur Jeanne vit ;
Fuyez le monde et sa séquelle. »
Toutes reprirent à l'instant :
« Nous serons aussi sage qu'elle
Quand nous en aurons fait autant. »