Le glouton. Les deux amis
Conte tiré d'Athénée.
A son souperun glouton
Commande que l'on apprête
Pour lui seul un esturgeon ,
Sans en laisser que la tête.
Il soupe ; il crève, on y court ;
On lui donne maints clystères.
On lui dit, pour faire court,
Qu'il mette ordre à ses affaires.
« Mes amis, dit le goulu,
M'y voilà tout résolu ;
Et puisqu'il faut que je meure,
Sans faire tant de façon,
Qu'on m'apporte tout à l'heure
Le reste de mon poisson. »
Les deux amis
Conte tiré d'Athénée.
Axiochus avec Alcibiades,
Jeunes, bien faits, galants, et vigoureux,
Par bon accord, comme grands camarades,
En même nid furent pondre tous deux.
Qu'arrive-t-il ? l'un de ces amoureux
Tant bien exploite autour de la donzelle,
Qu'il en naquit une fille si belle
Qu'ils s'en vantoient tous deux également.
Le temps venu que cet objet charmant
Put pratiquer les leçons de sa mère,
Chacun des deux en voulût être amant ;
Plus n'en voulut l'un ni l'autre être Père.
« Frère, dit l'un, ah ! vous ne sauriez faire,
Que cet enfant ne soit vous tout craché.
- Par bieu dit l'autre, il est à vous, compère :
Je prends sur moi le hasard du péché. »